J'espère que c'est une blague - Chapitre 5
Une illustration de Victoria P. (7e)
- Et là, il m’a dit qu’il me trouvait très belle et c’était tellement le rêve jusqu’à ce qu’on entende un cri. Bref, c’est pas important.
Romy est en train de me raconter sa soirée avec Émile, des étoiles dans les yeux, sans même se douter que j'assistais à toute la scène. Après son long monologue, elle prend une pause pour passer à un autre sujet.
- Sinon, as-tu entendu parler de la tempête de neige qui commencera ce soir?
- Hein? Ben non, voyons. Quelle tempête de neige?
Elle m’explique que demain, on annonce 25 cm de neige. Ça sort de nulle part! Moi qui pensais pouvoir encore profiter du gazon un moment.
- Tu sais ça commence à quelle heure? demandé-je.
- Je ne suis pas sûre mais je pense que ça commence à 20h00.
On discute encore un peu et Romy m’invite chez elle après l’école. Elle vit aussi non loin du parc donc c’est assez facile pour nous de se rencontrer. J’accepte avec plaisir. Je la rejoins à l’entrée principale de l’établissement à la fin des cours.
En partant, on croise monsieur Riesle. Il m’intercepte vite fait.
- Eugénie, j’espère que tu as remis les travaux à Edmond!
- Euuuh, j’ai pas eu le temps mais-
Encore une fois, je n’ai pas le temps de finir ma phrase que mon prof part à grandes enjambées vers le stationnement.
Romy et moi n’y portons pas plus attention et nous nous dirigeons vers sa maison. On monte dans sa chambre où je m’installe sur son pouf.
- Je dois te dire quelque chose. Hier, j’ai parlé au gars qui se battait, l’autre jour, au parc.
- Le cousin d’Émile?
- Non, l’autre. Il s’appelle Louis.
- Cool!
Une chance qu’elle ne m’a pas demandé comment ça se faisait que je lui ai parlé. Sinon, j'aurais été dans un bien beau piège.
Après de longues minutes de discussion, nous décidons de descendre en bas et d’écouter un film en mangeant plein de cochonneries. Au milieu de celui-ci, on entend la porte d'entrée qui se ferme brusquement. C’est le père de Romy qui vient d’arriver.
- Y fait frette, y fait frette.
- Comment ça?
Nous mettons en pause le lecteur DVD et nous nous dirigeons vers l’entrée. Le père de mon amie est recouvert de neige sur son petit manteau d’automne.
- Je pensais que la neige arrivait seulement plus tard ce soir, argumente Romy.
- Ç’a l’air que non, réplique son père.
- Bon eh bien, moi, je vais y aller alors. Faudrait pas risquer que je marche dans 25 cm de neige, dis-je.
- Veux-tu que j’te raccompagne?
- Ah! Ça va pas être nécessaire, mais merci!
Je sors dehors et c’est vrai qu’il neige, et ce n’est pas que de simples petits flocons. La visibilité est réduite, donc je décide de me diriger vers le parc pour mieux me situer. J’emprunte ensuite une rue qui mène vers chez moi, mais j’ai du mal à identifier mes repères. J’ai beau avancer, ma maison n’est pas là! Argh. Je commence à paniquer et accélère le pas. Je prends mon téléphone de mes poches de jeans, les mains maintenant gelées, et à mon désespoir, il manque de batterie. Je le remets à sa place et commence à courir. Si j’étais un voisin et que je me voyais comme ça, je me trouverais bien folle. Je continue ma course jusqu’à ce que:
- Ouch.
Je viens de tomber au sol, comme ça. Sans glace, sans pied pour me faire trébucher. Juste moi, maladroite comme je suis. Une petite tache rouge se dessine sur mon pantalon et j’imagine que ça commence à saigner. La poisse que j’ai. Je me mords soudainement les lèvres quand quelqu’un semble m’appeler par-derrière.
- Yo, ça vas-tu?
Mon regard croise celui du cousin d’Émile, soit le lutteur qui m’avait fait trébucher lors de sa bataille. Il a son téléphone en main.
- Yo man, y’a une fille qui vient d’tomber juste en face de moé. J’vais voir si elle est correct. J’te rappelle Ed.
Ed. Il parlait sûrement à Edmond. Il s’approche de moi.
- T’es correct?
- Oui. Hum hum, c’est toi qui était au parc, l’autre jour? Haha… Tu ne te battais pas avec quelqu’un? demandé-je au garçon, faisant croire que je ne connais pas les réponses à mes propres questions.
- Ouin, c’était moé.
- Le gars à qui tu parlais au téléphone, commencé-je en grinçant les dents, est-ce qu’il s’appelle Edmond?
- Ben ouais.
- Pis est-ce qu’il va à l’école Des Racines?
- Je sais pas, c’est trop compliqué son affaire de cours en ligne. Avant, y’allait à mon école. Celle pas loin du parc.
Voyant que je ne comprends pas, il essaye de se faire plus clair.
- Ed, y allait à l’école Mario-Jean, l’école publique. Pis ses parents l’ont faite changer d’école, je sais pas pourquoi. Par contre, depuis le début de l'année, il fait l’école en ligne.
Finalement, trouver ce garçon n’aura pas été si difficile que je le pensais. Il ne me reste juste qu'à demander où il habite pour que j’aie lui remettre ses papiers.
- Ok! Cool! J’aurai besoin d’le voir. Sais-tu où je pourrais le rencontrer?
Comme la malchance est toujours avec moi, au lieu de me répondre, le cousin d’Émile fait un visage de dégoût. Le temps ne me prend pas pour deviner pourquoi. Je le vois regarder mon genou. Je baisse la tête et la petite tache rouge qui était là il y a maximum deux minutes s’est multipliée.
- Scuse moé, le sang ça m’écoeure.
Je n’ai pas le temps de l’arrêter qu’il est déjà à au moins deux cents mètres de moi. En fait, je comprends pourquoi il a fui. La peau sur mon genou blessé est pratiquement inexistante.
Je m’apprête à me relever quand le klaxon d'une voiture me fait sursauter. Je tourne la tête vers le véhicule et y trouve Louis sur le siège passager. Sa mère est à l’avant, en train de conduire.
- Est-ce que ça va? me demande-t-il après avoir baissé la fenêtre.
- Oui, oui. Tout va bien.
- As-tu besoin d’une ride? T’es blessé pis t’as même pas de vêtements assez chauds. Tu savais qu'on annonçait une tempête?
- Ben oui, je le savais!
Je n’ai pas le temps de décliner son offre (disons que ça ne me tente pas d’être dans la voiture d’un quasi étranger) que sa mère le fait à sa place. Elle grogne quelque chose. Louis hausse les épaules et me fait un signe de la main. La voiture s’éloigne, me laissant seule sur le bord de la route.
Je me relève et continue mon chemin vers chez moi, sous la neige. C’est seulement dix minutes après que je constate que je m'étais trompée de rue, expliquant alors ma désorientation en essayant de trouver ma maison dans un quartier qui n’était pas le mien.
Que j’ai hâte que la malchance décide de ne plus s’acharner sur moi.
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Salut! Moi, c’est Abigaëlle et je suis en 9e année. Je suis une fan de l’écriture; c’est l’une de mes passions! J’écris quand je m’ennuie, quand je suis censée faire autre chose… La forme d’écriture que je préfère est le récit. Justement, la suite de mon histoire J’espère que c’est une blague sera publiée prochainement sur le blogue. Je souhaite que ce récit vous garde captivés du début à la fin!
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